Outre les bases théoriques qu’il a acquises au cours d’une formation donnée par un organisme ou une école, un agent de trafic apprend réellement le métier sur le terrain.
L’agent de trafic est au cœur de l’escale d’un avion. Coordinateur, négociateur, technicien, magicien parfois, ses casquettes sont multiples.
Vu comme ça, le métier a l’air très complexe. Il l’est, mais il s’apprend!
La formation théorique
Il faut évidemment que l’agent ou le futur agent de trafic ait une base de connaissances théoriques suffisante.
Avant d’aller sur le terrain, il doit comprendre les principes physiques et mécaniques qui permettent à un avion de voler.
Cette base est essentielle, car un agent de trafic qui se contente de remplir des cases sans comprendre ce qu’il fait et pourquoi il le fait, peut se révéler dangereux.
En effet, ces principes théoriques sont appliqués tous les jours dans l’aérien. L’agent de trafic est amené à prendre des décisions qui vont influer sur le comportement de l’avion au décollage et à l’atterrissage.
En effet, si le centrage de l’avion n’est pas conforme au devis de masse et centrage délivré au pilote, cela pourrait avoir des conséquences.
Par exemple, lors du décollage, si le poids de l’avion n’a pas été réparti comme indiqué sur la loadsheet, l’avion pourrait ne pas décoller, malgré l’action du pilote sur les commandes.
Son travail est donc primordial. Ses actions ont une incidence directe sur la sécurité de l’appareil, de ses passagers et de l’équipage.
Il n’est pas nécessaire d’être un ingénieur, mais avoir quelques notions de mécanique de vol peut aider.
Des connaissances annexes
Des connaissances sur le contrôle aérien sont également intéressantes. Elles permettent de mieux concevoir la circulation aérienne et ainsi d’avoir une vision plus globale de l’aviation. Elles permettent également à l’agent de trafic de fixer ses priorités en présence d’une restriction de la circulation aérienne.
Enfin, un bon niveau d’anglais est essentiel. Un agent de trafic ne doit pas seulement connaître le vocabulaire technique et la phraséologie. Il doit être capable de tenir une conversation avec les pilotes. En effet, au cours de l’escale, il va devoir interagir avec l’équipage, faire face à des situations parfois inhabituelles, pour ne pas dire incongrues, qui sortent largement du cadre de l’anglais aéronautique.
La formation théorique de base d’un agent de trafic arrivant dans une société d’assistance devrait inclure un rappel de ces éléments, ne serait-ce que pour s’assurer que le nouvel agent les maîtrise.
La formation pratique sur le terrain
La prise en charge d’un vol par un nouvel agent se fait généralement par étape.
En premier lieu, il faut s’assurer que l’agent parvient à maîtriser la partie technique du métier. Car faire une loadsheet dans une salle de classe, avec des données “figées”, données par le professeur, n’a absolument rien à voir avec la réalité du terrain.
Il lui faut à présent arriver à se concentrer sur son travail, en écartant le bruit ambiant, la frénésie qui existe autour d’un avion, sans pour autant se refermer totalement.
C’est l’un des points clés du métier d’agent de trafic: la concentration sélective. Savoir ce qui se passe autour, sans que cela ne vous empêche de rester concentré sur votre tâche, à savoir faire une loadsheet en un temps limité.
Le formateur, dans cette première phase de formation pratique, s’occupera de la coordination.
L’agent en formation pourra alors se familiariser avec les intervenants, apprécier le rythme de l’escale.
Une formation progressive
Petit à petit, il pourra commencer à interagir avec les équipages, les intervenants, à prendre des initiatives, jusqu’à arriver à maîtriser à la fois la coordination et la gestion du chargement et des documents. Jusqu’à devenir un véritable chef d’orchestre.
Au cours des différentes “doublures” que j’ai eu la chance d’effectuer avec de nouveaux agents de trafic, j’ai remarqué que le plus difficile à maîtriser en général était la notion des priorités.
Souvent, les agents s’impliquent tellement dans une tâche qu’ils perdent de vue l’enchaînement de l’escale et la notion de temps. La question à se poser en permanence est “Est-ce que c’est le moment de faire ça? N’y a t-il rien de plus urgent à faire maintenant?”
Cette question doit devenir automatique, jusqu’à ne plus y penser. Elle permet d’évaluer les priorités dans les actions à mener, d’être plus efficace et de s’éviter des allers-retours inutiles!
Il n’y a pas une formation pour devenir un bon agent de trafic. Cela s’apprend au fil du temps.
En tant que chef d’orchestre, l’agent de trafic est informé de tout ce qui passe au cours de l’escale, il maîtrise tout ce qui se passe. Ainsi, si l’avion part en retard, c’est à lui d’en expliquer les raisons. C’est là que se termine SON vol.
Qu’est-ce qu’un bon agent de trafic?
La question se pose! Qu’est ce qui fait d’un coordo, un bon coordo?
Il fait partir tous les avions à l’heure? Ses loadsheets sont parfaites? Non.
Un bon agent de trafic sait faire cela, bien évidemment, mais pas seulement!
Il maîtrise son outil de travail et sait faire sa loadsheet, même dans des conditions dégradées.
Un bon dispatcher sait gérer les priorités et s’adapter à un changement de situation.
Il est conscient que, malgré l’aspect technique de son métier, ses actions ont une portée commerciale.
Il sait se battre pour que son avion puisse partir en toute sécurité, même si cela implique d’être en retard.
Un bon agent sait aussi, et surtout, qu’il n’est qu’un maillon de la chaîne qui permet aux passagers de partir sereinement.
Un bon agent de trafic est à la fois un technicien, un organisateur, un leader, un jongleur, un chef d’orchestre.
Mais ce qui est génial avec ce métier, c’est qu’on ne finit jamais d’apprendre et de s’améliorer!
Une réponse sur « Comment former un bon agent de trafic? »
Toujours aussi instructif et bien construit ! La période d apprentissage sur le terrain est tout aussi importante que la partie théorique. Les deux sont malheureusement souvent de plus en plus négligées et c est dommage ! Les impératifs financiers (coût de la formation , dévalorisation du métier conduisant souvent à des recrutements style équipiers de restauration rapide, concurrence des sociétés de handling contraintes par des compagnies visant à réduire au maximum les coûts ) font qu on s éloigne de plus en plus des vrais valeurs qui définissent ce métier.Jusqu’à quand ? Faudra t il encore attendre un grand clash pour revenir à une attitude responsable et reconsidérer ce métier à sa juste valeur et lui redonner ses lettres de noblesse?